Le 18 mars 1998, après seulement deux jours de procès, le libraire-éditeur Antoine Soriano Mor a été condamné par le Jury de la
Cour d’Assises de Paris à dix ans de prison ferme et 160.000 francs de dommages et intérêts pour “ viol sur mineur de quinze ans par personne ayant autorité - agressions sexuelles ”.
Accusé par le fils (aujourd’hui âgé de 24 ans) de son ancienne compagne, dont il s’est occupé pendant 10 ans, Antoine Soriano Mor a toujours clamé son innocence.
Sans aucun doute, les
abus sexuels font partie des crimes les plus odieux qui puissent se commettre. Il est normal que la société soit vigilante pour prévenir les violences de ce type. Mais la vigilance n’est pas
l’emportement et la fermeté ne doit pas être l’injustice. A l’évidence, nous vivons actuellement une situation grave et dangereuse pour les libertés. Face à la médiatisation sensationnaliste de
la pédophilie, il n’existe aucune réaction collective pour dénoncer et éviter toutes les dérives ( affabulations, chantages, vengeances, délations, etc) encouragées par cette atmosphère. Ce
climat pousse à l’accusation et à la condamnation d’innocents et ne règle nullement le douloureux problème des enfants réellement victimes d’abus sexuels.
Dans ces affaires, la présomption
d’innocence est trop souvent oubliée. Pendant que l’instruction travaille à vérifier la réalité des faits qui fondent l ’accusation (sa preuve formelle), il arrive de plus en plus
souvent que la parole accusatrice d’un enfant ou d’un adolescent soit systématiquement considérée comme véridique. Ce phénomène rejoint la position d’un certain courant psychiatrique pour
lequel la vérité est inhérente à toute parole d’enfant et tient lieu de preuve devant les tribunaux . Il y a là ce qu’il faut considérer comme une “ dérive psychiatrique ”
de la justice, dont Antoine Soriano Mor fait aujourd’hui les frais.
Condamné sans aucune preuve et reconnu non pédophile par la Cour, Antoine Soriano Mor est la victime
expiatoire d’une Justice qui, dans l’actuel climat irrationnel régnant autour de la pédophilie, s’est montrée plus soucieuse de condamner que d’établir la vérité. Sa parole n’a été d’aucun poids
face à celle de l’accusateur : bien qu’il ait nié les faits jusqu’au bout, le récit souvent variable et incohérent de la prétendue victime a pesé plus lourd. Antoine Soriano s’est pourvu en
cassation pour avoir droit à un nouveau procès, plus serein et plus impartial, afin de rétablir la vérité.
Mais le cas d’Antoine Soriano Mor n’est pas isolé. Nous ne
nous élevons pas seulement contre l’injustice qui lui a été réservée, mais également contre la multiplication alarmante de ce genre d’affaires. Il y va de nos libertés élémentaires. Il y va d’une
justice équilibrée. Il y va d’une société qui refuse les manières de l’ancienne inquisition.
Avec Antoine Soriano Mor, nous demandons un nouveau
procès.