Matin la mort et c’est encore
Pique et roi la douleur dans la ronce
la charrette en travers le fossé dans le corps.
J’ai vos yeux tournesols de déroute
et tous vos accessoires sur le parquet.
Matin la mort avec la bouche en fiel battu
le ciel errant en son erreur
et vos deux mains dans la marmite
mélangeant les crapauds et la peur.
L’art d’attaquer le ressac de revenir
un crocodile séché entre les cils.Et je vous mène par votre nom de Mort.
Je vous enfile dans les ourlets du tourbillon.
Matin à tort les Cavaliers déchiquetés pourrissent
sur la selle tombant misaine
sur la rumeur que vous dormez
souffle enroulé sous la mer.
Je colle deux ombres à la proie
J’assomme la nuit sur la nuit.
Demain d’à jamais je vous mets
le défi entre les dents le pied sur la plaie.
C’est un jour de tornade de pirates plein la peau.
Matin ça mort ô requin la citrouille en sept rouilles.
Il y a sang vos mille carcasses sur le harpon.
La mort dans le décor et mille façons
d’éviter la terre affairée dans ses habits de charcutier.
Il y a l’art de planter le vif dans son sujet
Le pot d’honneur pour la venue des asticots.
Et la mer en ton sein que le noyé étreint.
Le dernier rat quitte la mâchoire.
Le bateau sur le dos des otages ras la cale
comme vous Matin campé sur vos gluants échassiers.
La Mort prend ses quartiers
les jours serrés dans le mouchoir.
C’est un sommeil sans prendre la peine de respirer.
Matin malin dehors c’est loin
mais bien vous qui pendez entre la glace et le sablier.
J’atteins midi en écartant mes planches
pariant panache vos jeux sur l’éboulis.
Blanche et prospère la coulée carnassière
et les murs bien fermés.
Les murs qui durent ô château noir de la férocité ;
e ne tremble qu’en vautour enragé.
C’est au moment de la criée surtout l’écaille
sur le cœur empêché.
C’est un sale coup de rien du tout
qui remet la mort au matin le maigre tombeau
sur le chemin
la pluie de tout son poids sur le geste inutile ;
Matin de herses dressées sur la fenêtre.
Que vos linceuls sont compliqués !
C’est instant d’ours de terreur qui s’étire.
Toute l’élite embrasée pour obéir à vos calamités.
Ce matin sort ses cornes son crépuscule
persécuté
les toutes petites affaires de nos éternités.
Je racle la bonne broussaille endimanchée
avec ses glaives au bout des têtes tranchées.
Matin d’abord lever le mort
secouer le squelette dans le cendrier.
Un bout de cercle où je serre
la langue en ses tenailles les oiseaux sur le vent.
Brouet des brouillards le loup au fond du bol
je tourne les moulins sur ta bouche la marguerite sur ses débris.
Matin babouin le museau dans la braise
je tangue à bâbord en mémoire modérée.
Je pousse mon chargement de gémissements.
C’est la gravitation grêle du bourdon sur l’épaule.
Matin crevé la mort à tes côtés.
Le vieux vivant nous reprend
matamore et le mal prend son temps.
Esther Moïsa