Le grand 8
de Coney Island

Heurts – Sans projet d’équivalence, je n’y veux pas refuge. Il paraît qu’au-delà de la saveur, il y a le contact tactile ou inversement. Tu auras donné 10 $ pour me le faire savoir. Sur le Cyclone, plaqués et enchaînés à un banc, on démarre. Tu hurles un nom. Je ne réponds pas, car à 100 km/h, dans la courbe haute, j’ai la tête renversée et les vertèbres emboîtées. Sur l’autre morceau du 8, tu me dis que tu te fâches, mais je n’ai pas le temps d’y croire.

Brusquerie des rails, je pense plus aux crissements qu’à l’ordre logique de ta voix qui prévient l’invisible.

Il arrive pourtant, quelques instants plus tard au sommet de la ferraille, je ne peux penser qu’à mes salons de thé préférés, je ne vois plus Coney Island à l’autre bout.

 – Tout blanc, tout ouate, c’est la fête, c’est la foire. Entends-tu ? Le heurtement a été sourd.

En réseau, maintenant je te vois comme en miroir. Guimauve, tu n’étais pas si mauvais, mais sache que les filles n’aiment pas les foires et encore moins les faits divers.

élisabeth Ortial