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Les chemins de la basse ville

in Le manoir aux dictions
Claude Besson Ed.
(Premier trimestre 1994)

à Anne-Marie Guillon

 

    Ce sont les crampes d'estomac
    Qui abêtissent
    Quand la nuit s'en va
    Rend la mer marine

C’est un perdreau blessé
Qui échappe au veilleur
Et la ruelle interdite
A rendu ses filets

Le hêtre au bout du monde
A hêlé les trompettes
Méluzien ne fut pas
La prime heure des morts

                                     Quand la nasse divague
    Quand le bercail sonne l'onglée
        La chandelle verte me tricote un trémail
             Dans l'oeil absent d'un perroquet

Grammaticalement la chose est entendue
Les labiées grelottent au verso
Les ombelles feront une fricassée honnête
Anne-Marie m'apprit à faire des crêpes

    Fondu au noir
    Têtu comme au matin tombent du collier
    Les perles de café


    De perte en perte
    A perte de vue
    A perte de larmes
    Palude asséché
    La mémoire n'excuse rien

Le palimer disait-elle
C'était plutôt l'hirondelle
A grand jet d'encre
Dans les algues rejetées de la tramontane

La ruelle empeste disait-elle
Il faudra bien
Epeler les graines d'un melon d'Espagne
Une à une ouvrir les volutes du noeud du cordage


A attendre terrifiée
Les chutes de coquille
La tramontane s'est figée au bout de la jetée

    Dans un couloir de miroirs
    Chaque porte ouvre sur une mort nouvelle
    Tirez les effigies les fèves les nains blêmes
    Chaque jour qui passe agrandit le mouroir


    Revenir, revenir sans cesse
    Sur les failles les quilles les hochets
    Comment comme comment
    De guerre lasse
    J'ai toujours oublié les numéros de téléphone
    Ne comprend pas les codes

Il m'avait donné ses oiseaux d'Indochine
Je lui avais offert des cheveux de lune
Géographie sacrée d'une joue rasée de frais
Marcassin thaumaturge sur le dos d'une fourmi

    La dernière passe passe
    La dernière passera

    Si tu lâches la rampe
    La fée de la nuit aura tôt effacé
    Les messages qu'elle te dictait
    Si tu t'accroches
    Tu te crisperas sur l'oubli    Oiselle à califourchons sur une pile de livres
    Je prends la pose
    Et si vraiment Dieu existait
    Il faudrait s'en débarasser
    Goualante sans gouaille
    A peu de choses près je ramassais la balle

    Verset n°1 versant non
    Verset n°2 boute le feu
    Verset n°3 je ne les crois pas
    Je ne prendrai pas à mon propre marc

    Café très chère
    Je m'épingle comme un paratonnerre
    Sur un bâton de rouge à lèvres
    Je pourrais y rajouter des boucles d'oreilles
    Façon gitane ou sans façon

Anne-Marie sels d'argent
Mère Lusine d'un puits que la marée recouvre
Coque mentale du chaudron de Kéridwen
Tu t'en fus avec les algues

Sous les ressacs
Anne-Marie, enfance sarrazine
Tu es partie
J'ai mis le chemin sous mes pieds
Je ne cesse de boire la tasse